Page:Soumet - La Divine Épopée, 1841.djvu/360

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Idaméel t’a vue, ô fille du Seigneur,
Te pencher sur son front pour contempler son cœur.
Il doute de lui-même… et le chaos respire
Le baume caressant de ton chaste sourire,
Et tressaille d’amour, et ses souffles errants
Ont pris tous les parfums de tes pieds transparents.


SÉMIDA.

(Après un long silence.)

« C’est moi, la bienheureuse et ta sœur affligée.
L’auréole du ciel à tes yeux m’a changée ;
Idaméel se tait, et peut-être aujourd’hui
Ne me reconnaît plus, quand je descendis pour lui ?


IDAMÉEL.


Je te reconnais… oui… ma blessure cachée
Se rouvre et s’élargit, par ton souffle touchée ;
Et je te reconnais, fille de Dieu… C’est toi
Qui fis d’un monde à naître une hostie à ta foi ;
Qui, pour fuir mon amour t’exilas de la vie.


SÉMIDA.


L’amour était sans fin, si tu m’avais suivie.


IDAMÉEL.


Te suivre sur les pas d’Éloïm… jeune amant,
Dans tes bras autrefois tombé du firmament !
Voir tes cheveux si beaux dont j’adorais les tresses,
Épancher sur son cœur leurs flottantes caresses,
Et, comptant tes soupirs de femme à son autel,
Voir comment une vierge épouse un immortel !
Que fait-il, ce rival à l’aile grande et forte,