Page:Soumet - La Divine Épopée, 1841.djvu/381

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Dans son œil égaré la prière s’éteint.
Un tourbillon tonnant, qui s’élance et l’atteint,
Roula ses flots de feu sur ce roi des archanges,
L’enveloppa d’éclairs comme un enfant de langes,
Brisa toute sa force, et le précipita
Jusqu’aux derniers soleils où l’amour l’arrêta.

Tout le ciel en pâlit… L’enfer sentit sa chute.
La montagne, où du Christ s’éternise la lutte,
Tremble, ainsi qu’autrefois notre globe mortel
Tremblait au contre-coup des chutes de Babel.
Plus avant dans son cœur la victime exemplaire
Du dard de Jéhova sent vibrer la colère ;
Et tel qu’un nourrisson qui, dans un jour de deuil,
Se sentant du berceau glisser dans le cercueil,
Se retient en mourant aux voiles de sa mère,
Le Christ tendit les mains et cria vers le père :

« Viens m’assister, mon Père, où je suis descendu,
« Au milieu des brebis du grand troupeau perdu ;
« Dans ces champs, où du mal chaque brûlante épine
« Toujours, de siècle en siècle, a jeté sa racine ;
« Dans ces champs réservés à la faux du démon,
« Dont nul épi du cœur ne dore la moisson,
« Que nul soleil n’éclaire, et dont les noires herbes
« Dressent encor trop haut les poisons de leurs gerbes,
« Pour qu’en ce sol impur, sans toi, puisse mûrir
« Le remords, ou la fleur d’humilité s’ouvrir !
« Viens m’assister, mon père, au fond de la tourmente
« Que mon âme en travail de ses cris alimente ;
« Dans ce gouffre de maux, dans ce feu de douleurs
Qui, brûlant sur mes pieds la trace de mes pleurs,