Page:Soumet - La Divine Épopée, 1841.djvu/388

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Et Jésus-Christ sur eux ne cesse d’arrêter
Son œil de diamant qui s’use à les compter.

Ainsi pleure longtemps la blanche jeune fille,
Quand, des crimes humains blasphémante famille,
La chaîne aux durs anneaux des noirs galériens
Passe au soleil, devant ses traits aériens.
Elle cherche comment, dans ses profondes trames,
La grande âme du mal a pris toutes ces âmes ;
La grande âme du mal qui, pour voiler nos yeux,
Ouvrant sa triple nuit quand nous tombons des cieux,
Nous reçoit sur son sein, comme une fausse amie,
Et nous fait de ses bras un berceau d’infamie.
Le crime appesantit l’air qui flotte autour d’eux,
Il transpire au travers de leurs haillons hideux ;
Le crime est sur leurs mains ; le crime à leur visage,
En entrant dans leur cœur, lit monter son image,
Comme la foudre, au front d’un jeune homme en sa fleur,
En le frappant de mort fait monter la pâleur.
La chaîne fourmillante où le regard se plonge,
De meurtre en meurtre au loin, vers le bagne s’allonge :
Fangeuse caravane ou serpent sinueux,
Dressant à chaque écaille un forfait monstrueux ;
Fleuve sombre, entraînant chaque flocon immonde
Surpris par l’œil des lois dans l’écume du monde !!!
Promis à l’échafaud, tous ces élus du mal,
Des visions qu’enfante un sommeil sépulcral,
Épouvantent, la nuit, leur oreiller de pierre.
Le rire atroce court sous leur fauve paupière,
Et leur âme de plomb les courbe encor plus bas,
Que le poids du boulet qu’on attache à leurs pas.
La jeune fille pleure, à leurs yeux se dérobe,