Page:Soumet - La Divine Épopée, 1841.djvu/389

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Et, secouant trois fois les plis blancs de sa robe,
Reprend ses doux pensers, barmonieux essaim,
Chaste concert du ciel résonnant dans son sein.

Mais éternellement dans le profond espace
La chaîne des péchés, sous ton œil de lynx, passe,
O Jésus !!! et voilà qu’en leur cercle maudit,
Une ombre lamentable et confuse grandit,
Comme un spectre évoqué de la chaudière impie,
Que conjure en chantant la gnomide accroupie.
Le cercle des péchés tressaille et s’est courbé…
Comme un peuple pieux autour d’un roi tombé,
Leur foule l’environne et forme, adulatrice,
Une cour funéraire à l’ombre impératrice.
L’ombre en devient plus noire ; et tels que des corbeaux
Aux bras d’un arbre mort planté sur des tombeaux
S’attachent… les péchés, libres dans leur royaume,
Ont posé leur vol lourd sur les bras du fantôme ;
Se collent à son sein, à ses flancs ulcérés ;
Par un horrible instinct toujours plus attirés,
Semblent en lui se fondre, et, pareils de nature,
Du grand spectre ébauché compléter la structure.
Pour s’unir à son cœur la haine a palpité.
Comme une chevelure, à sa tête ont flotté
Les hydres dont l’envie en hurlant s’environne ;
L’orgueil devient son front où pend une couronne.
Sa lèvre se noircit du fiel des trahisons.
Le meurtre dans son sang passe et brûle en poisons.
Tel qu’un disque d’airain qu’on forge sur l’enclume,
Son œil dur et hagard de luxure s’allume,
L’adultère à son col, comme un carcan de fer,
S’enlace, et Jésus-Christ reconnaît Lucifer !