Page:Soumet - La Divine Épopée, 1841.djvu/390

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L’archange Lucifer si longtemps infidèle,
Qui, traînant ses liens, cache sous sa grande aile
Ses membres de péchés et le bandeau flottant
Renoué, malgré lui, sur son front repentant ;
L’archange Lucifer, comme une herbe fauchée,
Arrachant les aspics de sa tête penchée,
Et qui s’efforce en vain de changer dans ses flancs
La forme de son cœur entre ses doigts sanglants.

« O Christ ! de quelle nuit comme moi tu te voiles !
« Qu’as-tu fait, Dieu sauveur, de ta gloire d’étoiles ?
« De ton beau vêtement d’hyacinthe et de lys,
« Illuminant le jour aux feux de ses longs plis ?
« Pourquoi viens-tu, les yeux si chargés de nuages,
« A ce cratère éteint rendre d’autres orages ?
« Où sont tes chérubins fidèles, et pourquoi
« Ne vois-je pas leur glaive entre mon crime et toi ?
« O Christ ! oh ! que je puisse abaisser dans la poudre
« Ce front où brûle encor la place de ta foudre
« A travers les remords dont il s’est couronné…
« Durant la longue nuit de pleurs, où prosterné
« Sous les sept oliviers, dont le tronc solitaire
« Égala sa vieillesse à l’âge de la terre,
« Tu ressentis au cœur, de péchés en péchés,
« Tous les tourments du monde en prière épanchés ;
« Durant cette nuit sainte, un ange au vol de flamme,
« Sur ton Père invoqué vint appuyer ton âme,
« Et, pour quelques instants, à ton humanité
« Rendre sa part de force et de divinité.
« Aujourd’hui, quel silence autour de ton supplice !!!
« Nul ange, en l’apportant, n’adoucit le calice.
« Aujourd’hui, c’est Satan qui vient, ô Rédempteur !