Page:Soumet - La Divine Épopée, 1841.djvu/397

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« Mes autels sur la terre étaient tous près de toi ;
« Dans l’abîme, à présent, il en faut un pour moi,
« Et triomphe ou martyre, autel ou croix, n’importe,
« Qu’on prenne avec le lys la tige qui le porte !
« S’il fallait, ô Jésus ! qu’on t’entendît deux fois
« Dire : — Buvez, ma mère, au calice où je bois ! —
« Pourquoi dans ton beau ciel, sous tes haleines pures,
« Cicatriser le flanc qui portait sept blessures ?
« Et pourquoi n’as-tu pas, dans ce sein tout meurtri,
« De ton premier Calvaire éternisé le cri ?
« Pourquoi, m’habituant aux suprêmes délices,
« Mettre le paradis entre mes deux supplices ?…
« Et je suis loin de toi, mon enfant… Aujourd’hui
« La mère du Sauveur ne peut plus rien pour lui,
« Et ma prière monte avec ton agonie
« Jusques aux pieds vengeurs du Dieu qui la renie.
« La voix de tes douleurs redouble, et par moments
« Éteint l’hymne éternel sous ses gémissements,
« Et Dieu n’écarte pas le fer dont il me blesse ;
« Dieu ne m’exauce pas et dans le ciel me laisse !
« Loin du Fils, loin du Fils en son amour trompé ;
« Et sans revoir sa mère ainsi qu’Abel frappé !!! »
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O reine des cieux ! Vierge aux sept douleurs mortelles !
La prière a ployé ses ailes fraternelles
Sur ton cœur, et tu sens pour la première fois
De son vol retombé quel peut être le poids.
Miracle unique !!! Dieu rejeta tes alarmes :
Il permit seulement que l’une de tes larmes,
Pleine de cet amour qu’elle prit dans ton sein,