Page:Soumet - La Divine Épopée, 1841.djvu/399

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

« Près du dernier pécheur c’est qu’alors tu seras ;
« Et s’il veut t’arrêter, larme, tu passeras ;
« Et si pour te brûler s’ouvrent ses yeux de flamme,
« Tu lui diras mon nom, mon nom d’ange et de femme.
« Tu diras qu’à présent, qu’on soit prophète ou roi,
« Le ciel est un degré pour monter jusqu’à moi,
« Et que j’ai pris mon vol, rêvant sa délivrance,
« Pour tendre de plus haut ma main à l’espérance. »
Et le pleur rayonnant tomba, tomba vainqueur,
Et ne ralentit pas son vol jusques au cœur
Du Fils, qui reconnut à sa douceur divine
Le baume maternel de la sainte colline.



Mais le charme fut court. Sous l’aiguillon brûlant,
Ainsi que sous le fer palpite un agneau blanc,
Christ se débat en vain… la coupe est plus amère,
Les feux ont dévoré la larme de sa mère !
Il est seul… mais toujours il entend retentir
Les sanglots de Satan sous ses pieds de martyr.
« Consolateur plus triste encor que la victime !
« O Lucifer ! dit-il, dont chaque cri sublime
« A d’échos en échos réveillé tous mes morts !
« Gabriel eut des chants moins beaux que tes remords,
« Quand pour me consoler le Seigneur vint l’élire.
« Nulle corde d’amour ne manquait à sa lyre
« Cependant, et son front brillait, loin des élus,
« Des célestes soleils que ta tête n’a plus.
« Espère, il s’accomplit, dans l’orage où nous sommes,
« Ce salut imparfait commencé chez les hommes ;
« Ce salut imparfait que pourtant Jéhova