Page:Soumet - La Divine Épopée, 1841.djvu/424

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Sillonnaient de poisons le sentier gémissant,
Et la croix, et le mont retentissant d’oracles,
Qu’autrefois Jéhova sillonna de miracles.

Comme, dans une église, un hibou loin du nid,
Après avoir dormi sur un saint de granit,
Tournoie en éteignant la lampe sépulcrale
Qu’allume pour les morts la vieille cathédrale ;
Heurte le crucifix sous son vol inégal ;
S’abreuve de l’eau sainte au marbre baptismal ;
Et vient se balancer d’une aile appesantie
Jusque dans les rayons que Dieu donne à l’hostie ;
Tel, en avant du Christ, que son aile heurta,
Le grand sphinx- se balance au mont de Golgotha.

Sur les pas de l’athlète engagé dans la lice,
Les spectres surveillants de l’éternel supplice
Marchent de cercle en cercle ; et, voulant voir aussi,
Dressant plus haut leur front que la foudre a noirci,
Les villes de l’enfer se disent l’une à l’autre :
—Viens, ma sœur, viens, ma sœur, cette fête est la nôtre !
Et serrant à leurs flancs leur ceinture de tours
Où les siècles perchaient, tels que de grands vautours,
Se levant, s’agitant de leur base à leur faîte,
Comme des ossements au souffle du prophète,
Les treize noires sœurs s’arrachent pesamment
Du sol brûlé qui crie et s’entr’ouvre en fumant.
Elles viennent, laissant à nu leurs catacombes
Dont les morts réveillés n’habitent plus les tombes.
Leurs Kremlins ébranlés, et leurs dômes, penchant,
Novices voyageurs, chancellent en marchant ;
(Tels, lorsque des volcans la forte voix éclate,