Page:Soumet - La Divine Épopée, 1841.djvu/453

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Sur un roc large et nu, des démons adoré,
Et comme si l’abîme avait son feu sacré,
Pèse un autel d’airain qui garde, symbolique,
La haine primitive en flamme métallique.
Dans ce temple du mal on la vit s’allumer,
Alors que dans le ciel l’ange cessa d’aimer.
Et des cercles maudits et principe et modèle,
On vit les neuf tourments se ranger autour d’elle.
Centre d’impiété, d’invisibles courants
Aux cœurs des réprouvés épanchent ses torrents,
Comme dans l’air, le long d’un acier phosphorique,
S’épanche l’élément de la foudre électrique.
D’un blasphème nouveau quand l’enfer s’applaudit,
La flamme intumescente et bouillonne et grandit,
Et chaque noir démon voit jaillir, plus ardente,
Cette source inconnue aux trois rêves de Dante.
Quand un peuple est touché de son rayon mortel, -
Il boit l’orgie au vin consacré pour l’autel ;
Jette sur le pavé le toit du presbytère,
Ou taillant contre Dieu la plume de Voltaire,
Sur la création répands des flots de fiel,
A faire tomber mort l’aigle qui plane au ciel.
C’est vers ce feu sans nom qu’Idaméel s’élance ;
Ce feu suffit à peine à rallumer sa lance ;
Car il est expirant, et la pointe du fer
Prend tout ce qui restait de l’âme de l’enfer.
Puis, il revient au Christ, victime éblouissante.
Il vole entre les rangs de l’armée innocente,
Comme une pâle orfraie, emblème de malheur,
Vole entre les rameaux des amandiers en fleur.

Les voilà face à face, et pour mieux le combattre,