Page:Soumet - La Divine Épopée, 1841.djvu/473

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« Père, j’attends ; j’attends sans remonter encore,
« Et sous ta volonté je me tais et j’adore. »

Le ciel vers vous, le ciel et tous ses habitants
Se penchèrent, et puis pleurèrent bien longtemps
Sur le grand jugement du Très-Haut ; et puis Eve,
Comme se réveillant d’un formidable rêve,
Dit sur le sein d’Abel : — Vous me l’aviez donné,
Seigneur, qu’avez-vous fait de mon fils premier-né ? —
Abel dit à son tour : — Seigneur, c’était mon frère ! —
Mais il ne parla pas pour consoler sa mère.



Les prophètes voilés gémissaient… Sémida
Que l’éclair en passant de ses feux inonda,
Avec Idaméel avait senti son âme
Et se perdre et mourir dans l’invincible flamme.
Ses larmes éteignaient les mystiques trépieds ;
Ses cheveux d’or voilaient la pâleur de ses pieds,
Et couvrant à demi la triste bienheureuse,
Ne laissaient qu’entrevoir sa beauté douloureuse.
On croyait contempler, sous ce voile flottant,
Le front décoloré du marbre pénitent,
A qui le grand sculpteur, sous sa main surhumaine,
A donné pour gémir l’âme de Madeleine.

« Idaméel ! Idaméel !
« Oh ! pourquoi suis-je remontée ?
« Dans ton dernier regard ma vie était restée ;
« Je n’avais emporté que l’espoir dans le ciel.
« Je préparais déjà ton vêtement de gloire ;
« Je voyais déjà fuir la nuit jalouse et noire,
« Devant les splendeurs du réveil.