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Page:Soumet - La Divine Épopée, 1841.djvu/474

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« Mon âme se perdait ravie en ton image ;
« Plus heureuse que l’aigle en passant d’un nuage,
« Aux embrassements du soleil.
« Nous vivons dans l’amour mieux que dans la lumière ;
« Et je t’ai vu mourir… sans moi !
« Que ferai-je à présent de mon ciel funéraire ?
« J’étais venue à Dieu pour lui parler de toi ;
« Pour lui dire : — Mon cœur souffre une peine étrange ;
« Vos cieux me cachent le bonheur ;
« Vous ne séparez pas les deux ailes d’un ange,
« Et vous nous séparez, Seigneur ! —
« J’étais venue à Dieu, pour lui dire : — Je pleure,
« Et je l’aime ; l’espoir l’avait fait mon époux ; ’
« Notre immortalité ne veut qu’une demeure :
« Être aimé c’est avoir sa place près de vous.
« Au pied du mont Arar où nous nous rencontrâmes,
« Il m’appelait, et je l’ai fui !…
« En me créant, Seigneur, me fîtes-vous deux âmes,
« Une pour vous, l’autre pour lui ? —
« J’étais venue à Dieu, pour prier et t’attendre,
« Pour t’attendre à genoux sous ses regards sacrés,
« Comme un petit enfant près d’une mère tendre,
« Attend ses frères égarés ;
« Pour lui chanter les doux cantiques
« De l’exil où nous étions deux ;
« Les anges m’écoutaient ; je me tenais près d’eux,
« Et j’enseignais ton nom aux lyres prophétiques ;
« Afin que ce grand nom, éteint au livre d’or,
« Reparût sous mes pleurs plus radieux encor ;
« Afin de te garder une place bénie
« Parmi les purs enfants de la paix infinie.
« Leur extase n’est plus mon sort.
« Ah ! sans pouvoir mourir moi-même,