Page:Soumet - La Divine Épopée, 1841.djvu/51

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Un poëte, jeune incrédule à qui je lisais quelques fragments de cet ouvrage, m’interrompit en me disant : « Vous placez votre fable épique dans le monde invisible ; ne craignez-vous pas d’avoir méconnu l’esprit de notre siècle ? » Voici à peu près ce que je lui répondis :

La plus forte tête métaphysique dont se glorifie l’Europe savante, Newton, découvrait les lois de l’attraction, et il commentait les livres de saint Jean ; il pesait les mondes dans sa main, et il allait demander à l’Apocalypse le complément de la science.

La plus forte tête métaphysique qui ait abordé le problème générateur, Kant, déclarait qu’il n’existait pas de métaphysique [1] ; pour affirmer quelque vérité qui ne fût point une illusion du monde phénoménal, il s’adressait au libre arbitre, il s’adressait à la con-

  1. Madame de Staël disait de Kant : Il a fait comme Curtius, il s’est jeté dans le gouffre de l’abstraction pour le combler.