Page:Soumet - La Divine Épopée, 1841.djvu/78

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Nos fleurs, même ici-bas, par les anges aimées,
De nos nuits d’Orient les langueurs embaumées,
Revivent dans l’Éther ; mais si jeunes, si purs,
Si mollement trempés des célestes azurs,
Que la muse pour eux n’a que de froids mensonges !
Qu’elle déroule en vain ses guirlandes de songes !
Et que de ses transports le rapide courant
En vain se précipite à flot plus transparent !

O triomphe ! ô bonheur ! ô glorieux mystère !
Une bonne action, éclose sur la terre,
(Comme Christ, au Thabor, respirant l’air natal
Et reprenant l’éclat du rang sacerdotal)
Apparaît dans les ci eux toute transfigurée ;
De son nouveau royaume elle a pris la durée,
Brille pour les élus dans sa virginité,
Étale à leur regard son manteau de clarté,
Grandit, passe et repasse, et se pose, immortelle,
Aux pieds du bienheureux qui la créa si belle,
En lui disant : « C’est moi, c’est moi, je t’appartiens,
« Ne baisse pas les yeux, mes rayons sont les tiens.
« C’est moi, ta douce enfant, moi, ta fille adorée,
« Moi qui rends éternel l’instant qui m’a créée ;
« Oui ! je suis ton image et ton vivant miroir,
« Et dans mes traits bénis c’est toi que tu peux voir !
« Ton cœur peut m’admirer, sans éprouver la crainte
« Qu’en me trouvant si belle, il me rende moins sainte.
« Je ne suis plus cachée à tes humbles regards ;
« Ma gloire sous tes pas fleurit de toutes parts,
« Je t’appelle mon père, avec un pur délire ;
« Et je mets sur ta bouche un radieux sourire,
« Le même qu’autrefois j’ai souvent ramené