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Page:Soumet - La Divine Épopée, 1841.djvu/79

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« Sur les lèvres du faible ou de l’abandonné,
« Quand je venais à lui, te suivant dans ta grâce ;
« Quand j’étais de tes pieds la lumineuse trace.
« Que de fois, me voyant, le pauvre t’a béni !
« On ne sépare plus ce qu’il a réuni.
« Et nous ne faisons qu’un ; et la même auréole,
« Avec des feux pareils, de l’un à l’autre vole ;
« Et je suis ta parure et ta joie et ton bien,
« Et je porte ton nom en te donnant le mien. »

Ainsi parle à la fois et puissant et modeste,
Le céleste bienfait au bienfaiteur céleste.
Ainsi toute vertu dans l’Ether se survit :
Jeanne d’Arc y revêt le casque de David !
Elle y cultive, comme aux jours de l’espérance,
Parmi les lis d’Éden le laurier de la France.
Le ciel que tu rêvais du haut de ton pavois,
Vierge ! ressemblait-il à celui que tu vois ?
Ton palmier d’or a-t-il les magiques trophées
Que la nuit suspendait à ton arbre des fées ?
Et parmi les splendeurs des horizons sereins,
As-tu vu rayonner la colombe de Reims ?
Gabriel est-il beau comme dans ta pensée ?
Sois fière, ô Jeanne d’Arc ! vierge divinisée !
Toi ! qui teignis ta main, loin des lauriers maudits,
Du seul sang que la gloire apporte au Paradis !
Toi, qui pour ajouter, brûlant et séraphique,
Un hymne de combat au concert pacifique,
N’avais pour bouclier, sur les champs de l’honneur,
Que tes cheveux flottants et la main du Seigneur !
Autrefois, tu sauvais notre France guerrière,
En retrempant son glaive aux feux de la prière ;