Page:Soumet - La Divine Épopée, 1841.djvu/97

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SÉMIDA.


Grotte où je contemplais, à son bras enlacée,
Un autre ciel éclos d’une seule pensée !
Citernes d’où sa voix s’élevait comme un chant !
Belles neiges, miroir des roses du couchant,
Qui prolongiez pour nous, sur le mont symbolique,
Des doux reflets du soir l’adieu mélancolique !
O lointains souvenirs !!!


MADELEINE.


Mes souvenirs à moi,
Tous éteints pour mon cœur, se raniment pour toi.
La charité sur eux souffle une seconde âme.
Morts pour la bienheureuse, ils vivent pour la femme ;
Ils se lèvent en foule et font monter au jour
Le spectre du désert prêt à parler d’amour.
Au pardon du Seigneur avant d’être appelée,
De ces rêves brûlants mon âme fut peuplée :
Les voyant autour d’elle en cercle flamboyer,
Elle les reçut tons à son divin foyer,
Disant : — Vous me serez le jour, l’ardente vie ;
Faites-moi tant de dons qu’un ange les envie ! —
Et je fus la plus belle, et j’appris le bonheur
Aux regards suppliants qui cherchaient ma langueur.
J’aspirai dans mon sein le monde à chaque haleine ; .
Mon voile d’or suffit à parfumer la plaine ;
L’Idumée à genoux d’orgueil me couronna ;
Du Dieu quitté pour moi l’encens m’environna.
Mais un jour (jour que Christ pesa dans sa balance !),
Sur les chants enivrés jetant son long silence,
Arrachant mes joyaux, éteignant mes trépieds,
Le désert vint aussi se coucher à mes pieds.
Il attira vers lui la grande