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Page:Soury - Le système nerveux central, 1899.djvu/179

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THÉORIE DU SOMMEIL ET DES SONGES

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des sens se portent en bas au principe de la sensibilité (1) (c’est-à-dire à ce qu’ARIsTOTE appelle le sensorium principal, le cœur) ; alors, grâce à l’apaisement des troubles de la veille, ces mouvements, pareils aux petits tourbillons qui se forment dans les fleuves, et quise succèdentsans interruption, comme la vague à la vague, apparaissent sous forme de songes : il semble qu’on voit par les mouvements qui ont été apportés par la vue, qu’on entend par ceux de l’ouïe, et de même pour ceux venus des autres organes des sens.

C’est en effet parce que le mouvement se communique de ces organes au principe de la sensibilité (2) que ; à l’état de veille aussi, on croit voir, entendre et sentir. Ainsi s’expliquent encore les illusions des sens ; le mouvement du vaisseau nous fait croire, par exemple, au mouvement du rivage ; par l’effet d’un double contact, un seul objet nous parait en être deux. « La cause de tous ces phénomènes, c’est. que le sensorium principal (1x5 re xigiov) et le lieu où apparaissent les images (καὶ ᾧ τὰ φχυτάσματα yivetu) ne jugent pas par la même fonction (3). Dans ces divers cas, le principe de la sensibilité (4 &pyf) affirme simplement ce qui est apporté de chaque sens, à moins que quelque autre n’y contredise avec plus de force. L’apparence se montre bien complète ; mais le phénomène ne nous paraît pas toujours être aussi réel, à moins que la fonction de juger en dernier ressort, propre au sensorium principal (rà ἐπικρῖνου) (4), ne soit empéchée, paralÿysée ou ne se meuve point de sôn propre mouvement.

Durant le sommeil, le sang descendant pour la plus grande part vers le principe de la sensibilité, c’est-à-dire vers le cœur, les mouvements, les uns en puissance, les autres en acte, emportés avec le sang, descendent, avec lui, vers ce même principe (5). Et ces mouvements se produisent de telle sorte que, si l’un, parvenu jusqu’à la surface, disparait, un autre surgira à sa place. ARISTOTE compare les rapports de ces mouvements entre eux à ceux des grenouilles artificielles qui montent successivement à la surface de l’eau quand le sel dont elles sont enduites se dissout (6). (1) De insomn., IL. éni trv açynv ts a’o0nosws. (2) Jbid., Τῷ μὲν -ὰρ ἐκεῖθεν ἀφιχνεῖσθαι τὴν κίνησιν πρὸς την ἀργήν. (3) Zbid., II.

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(4) Cf. De somno et vig., I. Le jugement (xoivew) y est attribué tuwt zotv& popiw τῶν αἴσθητηplwv &rävruv, qui n’est autre que le sensorium commune ou le cœur. Dans De insomun., III, cet organe cest, du reste, appelé to xépiov xat érerpivov. (5) De insomn., IIL. Gray yag xa0 :00n, zatibvcos τοῦ πλείστου αἵματος ἐπὶ τὴν ἁργήν, συγχα- τέργονται αἱ ἐνοῦσαι πινήσεις, αἱ μὲν δυνάμει, αἱ δ̓ ἐνεργείᾳ. (6) Zbid., ὥσπερ οἱ πεπλασμένοι βάτραγοι οἱ ἀνιόντες ἐν τῷ ὕδατι τηχομένου τοῦ ἁλός.