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Page:Soury - Le système nerveux central, 1899.djvu/181

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HALLUCINATIONS DU RÊVE ET DE LA VEILLE

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reconnus en se réveillant. D’autres répondent dans le sommeil aux questions qu’on leur fait : ἔνιοι δὲ καὶ ἀποχρίνουται ἐρωτώμενοι (1). Les fœtus semblent être éveillés dans l’utérus (éyerpéuerx φαίνεται voi ἐν τῇ μήτρα). Cela apparaît manifestement tant dans les anatomies que dans les petits des ovipares : dfhov δὲ γένεται τεῦτο ἐν ταῖς ἀνατομαῖς καὶ ἐν ᾠοτοκοῦσω (3).

Par une vue assez profonde, et que je me borne à signaler, venant à parler des convulsions de la première enfance, ArisTotE écrit : « Le sommeil ressemble à l’épilepsie et, dans un certain sens, c’est une épilepsie (όμοιον γὰρ ὁ ὕπνος ἐπιλήψει, καὶ ἔστι τρόπον τινὰ ὁ ὕπνος ἐπίληψις) (5). Ἡ πο {αιί ἆοπο pas s’étonner, ajoute-t-il, que, fort souvent, cette affection commence durant le sommeil, et que l’accès ait lieu quand on dort, et non dans la veille. »

Dans le sommeil, les vapeurs montées au cerveau dans les vaisseaux sanguins et condensées par le froid de cet organe, retombent ensuite dans le sensorium commune, c’est-à-dire dans la région du cœur, qui suspend son activité en partie. Or ce qui arrive dans le sommeil, dit ARISTOTE, arrive aussi dans l’épilepsie, de sorte que le sommeil est une manière d’attaque d’épilepsie.

Nous savons aujourd’hui que le sensorium commune n’est pas le cœur, mais le cerveau. Toutefois, en dépit de cette erreur fondamentale, les vues d’ARISTOTE s’accordent avec les idées modernes. Cet accord, un savant anglais, OGze, l’a cru voir et dans l’hypothèse qui attribue le sommeil à une altération — quantitative et qualitative — du sang irriguant le sensorium, et dans la ressemblance, signalée par ARISTOTE, entre le sommeil et l’épilepsie. BRowN-SÉQuaARD a écrit en effet les paroles suivantes : « Nous pouvons même dire que, chez beaucoup de personnes non épileptiques, le sommeil ressemble à une légère attaque d’épilepsie(4). » En somme, et pour résumer les doctrines cardinales d’ARISTOTE sur la vie, la sensibilité et l’intelligence, doctrines fondées sur les textes authenliques dont nous venons d’exposer la lettre même, la nutrition, la sensibilité, la locomotion, la pensée, distinguent l’être animé de l’être inanimé. Aucune de ces fonctions ne saurait exister sans un corps organisé. L’âme, et toute espèce d’âme, étant inséparable du corps dont elle n’est que la forme, la perfection, l’achèvement, en un mot, l’entéléchie, (1) Anisrore. De insomn., Il.

(2) De anim. gener., V, 1.

(3) De somno et vig., III.

(4) Leçons sur les nerfs vaso-moteurs, sur l’épilepsie et sur les actions réflexes normales et morbides. Paris, 1852, 121.