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Page:Soury - Le système nerveux central, 1899.djvu/26

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LE SYSTÈME NERVEUX CENTRAL

le mème sens au mot cervelle dans le langage vulgaire. HoMËRE a déterminé la position des principaux viscères : le cerveau dans la tête ; la moclle dans les vertèbres ; le cœur et le poumon dans la poitrine ; le foie, les intestins, la vessie dans l’abdomen (1). » K&pr, désignant la têle de l’homme et des animaux, est synonyme de »egxk%, mot que l’on rencontre dans de nombreux passages des poèmes homériques. La région moyenne de la tête, μέσση κεφαλή (11., Χνι, 12 ; xx, 387) semble correspondre à la région fronto-pariétale. Ce qu’on devait si tard appeler les nerfs ne désigne, nous le.-répétons, aux temps les plus anciens, que les tendons, les ligaments articulaires et les aponévroses musculaires (es, νεὕρον). Dans neuf passages, les prapides ou phrènes, signifiant, selon DAREMBERG, le diaphragme, sont pris au sens psychologique d’esprit, cœur, sentiment, passion, habileté, chagrin avec angoisse à la région précordiale : « Or, on sait que les très anciens auteurs, poètes, philosophes ou physiologues, mettaient dans la potfrine, aux régions précordiale et épigastrique, ou plus posilivement dans le cœur, les sentiments, les passions et par suite l’intelligence, altendu que c’est en ces parties que retentissent surtout les émotions par suite des mouvements du cœur et des battements ou de la constriction épigastrique. Par conséquent les roxrièes, dansle sensanatomique, doivent représenter quelques partiesde ces régions intermédiaires entre la poitrine et le ventre. » L’histoire du πιοί φρήν, presque toujours employé au pluriel, appartient en grande partie à Îa psychologie. Le 6wès et le foie (%xxs) sont dans les phrènes, qui « enveloppent le cœur (x%9) » et « tiennent au foie » (1. xvi, 487 ; Od. 1x, 301) : c’est bien dans ces régions situées aux confins de la poitrine et de l’abdomen que sont perçues les palpitations cardiaques ou précordiales des grandes émotions. Le courage et le cœur, voire l’intelligence, sont dans la poitrine (στῆθος) (11. Χιηι, 732) : « Le cœur palpite dans la poitrine et remonte vers la bouche » (4. xx, 452). Dans un autre passage, le cœur psychologique (xpatr) est localisé dans le cœur anatomique (fr0) (Il. 1, 169). Kapdin ou xoxètr est toujours pris en effet ici au sens psychologique : soupirer du fond du cœur, joie du cœur, souffrances du cœur, cœur ému, courroucé, deuil dans le cœur, avoir du cœur, ronger son cœur, etc. K%o désigne, au propre et au figuré, le viscère appelé cœur en anatomie ; il est aussi synonyme de vie : « le cœur lui manqua » (14, xv, 10). La désignation des parties du corps est demeurée la même à peu près dans les médecins hippocratiques que chez HoMÈRE pour celles de ces parties qui étaient connues des anciens Grecs de l’’Ilonie. En somme, dans l’épopée homérique comme dans l’antique médecine hellénique, on attribue aux organes thoraciques (1) Ch. Dareuserc. La médecine dans Homère. Paris, 1865, 53 sq.