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Page:Soury - Le système nerveux central, 1899.djvu/27

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ANATOMIE CÉRÉBRALE

et abdominaux, en particulier au cœur et aux centres phréniques (région du diaphragme), les fonctions du cerveau.

Si je rappelle ces faits, c’est que la doctrine, qu’on pourrait appeler naïve ou populaire, de la physiologie des sensations et de l’intelligence, loin de s’effacer de la mémoire des hommes, avec les progrès de l’anatomie et de la physiologie,s’est perpétuée pendant près de deux mille ans, grâce à l’autorité d’ARISTOTE, dans le monde entier. Les notions d’anatomie et de physiologie cérébrales n’étaient sans doute pas aussi étrangères qu’on pourrait le supposer au peuple des principales cités de la Grèce du v° siècle. Bien des années après la bataille de Platée, en recueillant et « en réunissant en un même lieu les ossements des morts trouvés sur le champ de bataille », on fut très frappé de l’absence de sutures d’un crâne qui paraissait fait d’ « un 561] 05 : χεφαλἡ οὐχ ἔχουσα ῥάφην οὐδεμίαν, rapporte HÉRODOTE, AA’ EE Ends écÿox dsréou(1). C’est certainement de ce crâne d’homme que parle ARISTOTE : ἤδη ὃ ὤφθη αἱ ἀνδρὸς χεφχλή οὐκ ἔχουσα ῥᾳφᾶς (9). 0Π82 ARISTOPHANE, un personnage des Grenouilles (v. 134) parle de deux membranes ou méninges du cerveau (éyzxeo@hsu 6pio déc), les seules qui aicnt été connues dans l’antiquité ; un autre, dans les Nuées (v. 1276), localisc expressément les troubles de l’intelligence dans le cerveau (τὸν ἐγκέφαλον). Ce texte pourrait incliner à penser que, dans le vers des Grenouilles, il s’agit peut-être des hémisphères plutôt que des méninges ; cette interprétation vers laquelle penchait DAREMBERG, appartient au plus ancien scholiaste, l’autre au plus récent ; elle est généralement adoptée. Pourtant, « si l’on se rappelle, écrivait DAREMBERG, que la comparaison est tiréc de la forme d’une feuille de figuier (6pio), et si l’on se représente l’apparence de chaque hémisphère, soit par leur surface externe, soit par l’interne, quand ils ont été séparés et qu’on a divisé le corps calleux, y compris les parties latérales du cervelet avec la moelle allongée, on comprendra qu’une telle comparaison ne manque pas d’une certaine exactitude. Notre poèle a voulu faire dire à Bacchus : Je perdrais les deux côtés de la cervelle ; en d’autres termes, je me briserais la tête, si je me jetais du haut du Céramique en bas (3) ». Nous croyons que ces réflexions et inductions de DaremnerG doivent faire adopter l’interprétation du plus ancien scholiaste d’ARiSTOPHANE sur ce passage, dont l’importance est capitale pour l’histoire des fonctions du cerveau au v* siècle. A notre sens, peu d’historiens ont été plus profonds psychologues qu’Hérodote. La plupart de ses descriptions d’affections mentales ou ner- (1) Herov., IX, 83.

(2) Auisr., //. 4, LEE, vrr. Cf. 1, vu.

(6) Ώλπεμνεκο, Etat de la médecine entre Homère et Hippocrate. Paris, 1869, p. 14.