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Page:Soutras - Froissart a la cour de Gaston Phoebus, 1868.djvu/37

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À LA COUR DE GASTON PHŒBUS.

dit le comte, mettez-le en la tour, et qu’il soit tellement gardé, qu’on m’en rende compte.

» Lors-fut mis l’enfès en la tour d’Ortais. Le comte fit prendre grand foison de ceux qui servaient son fils, et tous ne les eut pas, car moult (plusieurs) s’en partirent ; mais il en fit mourir jusqu’à quinze très horriblement, et ce fut grand pitié.

» Et à présent je dirai comment Gaston, le fils au comte, mourut en la tour d’Ortais. Le comte de Foix le faisait tenir en une chambre, où petit avait là de lumière, et il fut là dix jours, petit y but et mangea, bien qu’on lui apportait tous les jours assez à boire et à manger ; mais quand il avait la viande, il la détournait et n’en tenait compte, et aucuns (certains) veulent dire qu’on trouva les viandes toutes entières qu’on lui avait portées, et merveille fut comment il put tant vivre. Par plusieurs raisons le comte faisait-là tenir son fils sans nulle garde qui fût en la chambre avec lui, ni qui le conseillât ni confortât ; et fut l’enfès toujours en ses draps (en son lit). Si se mélancolia grandement, et maudissait l’heure, qu’il fut né et engendré pour être venu à telle fin. Le jour de son trépas, ceux qui le servaient lui apportèrent la viande, et lui dirent : Gaston, véez-ci (voici) de la viande pour vous. Gaston n’en fit compte, et dit : Mettez-la là. Cil (celui) qui le servait regarde et voit en la prison toutes les viandes que les jours