Page:Souvestre, Laurens de la Barre, Luzel - Contes et légendes de Basse-Bretagne.djvu/139

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n’est-ce pas ?… Pourtant, il me semble qu’il est contrefait.

— Ah ! n’importe, s’il vivait seulement, je serais contente.

— Eh bien ! dit saint Jean en touchant la tête de l’enfant avec le bout d’une croix de plomb qu’il détacha du mur, Dieu veut qu’il vive… Adieu ma brave femme, n’oubliez pas que tout est possible à Celui qui vous a créée.

— Puis ils sortirent de la maison… Quel fut le ravissement de cette femme en voyant se colorer les lèvres blanches de son enfant ! Elle fut presque épouvantée quand il glissa de dessus ses genoux et se mit à courir dans la chambre droit comme un I. Alors elle regretta plus que jamais de voir qu’il avait encore les yeux de travers.

— Quel malheur, s’écria-t-elle, que ces bons seigneurs qui ont guéri l’enfant et qui lui ont tiré sa bosse, ne lui aient pas en même temps remis les yeux en place !… Mais par quel moyen l’ont-ils redressé ? Ah ! voici la croix de plomb… Ma foi, je vais faire comme eux, et peut-être que mon fils aura ensuite de beaux yeux.

Elle toucha les yeux du petit avec la croix. Malheur ! l’enfant, devenu aveugle, alla se frapper la tête contre le mur et tomba comme mort sur la place.

La mère, folle de douleur, s’élança du côté où les voyageurs