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partir. Le voilà donc sur les chemins, allant au hasard, où Dieu le mènera, et accompagné de son agneau blanc seulement. Un jour, en traversant une grande forêt, il rencontra un chasseur, suivi de deux chiens. L’agneau blanc s’effraya à la vue des chiens, et Jean le prit dans ses bras. Le chasseur s’approcha et lui dit :

— Voulez-vous, jeune homme, me céder votre agneau blanc, en échange de mes deux chiens ?

— Faites excuse, monseigneur, je ne veux pas céder mon agneau blanc.

— Je vous donnerai encore mon fusil.

— Non, non, je ne me séparerai pas de mon agneau blanc.

Et il le serrait contre son cœur. Et il s’éloigna. Le seigneur le suivit, en disant :

— Ces chiens-ci, mon ami, vous défendront et vous tireront du danger, n’importe où vous vous trouverez.

— Je ne donnerai pas mon agneau, je ne donnerai pas mon agneau.

Et il continua son chemin. Cependant il réfléchit bientôt, et se dit :

— Ils sont bien beaux, ses chiens, à ce chasseur-là ! Ils me défendront partout et me tireront de danger, m’a-t-il dit ; et mon pauvre agneau, hélas ! ne peut le faire. Et son fusil aussi est