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l’arrache à la réalité trop dure. Son tempérament s’incarne dans des êtres imaginaires qui le fascinent, dans les faibles qu’il exalte, dans les audacieux qu’il récompense, dans les oppresseurs qu’il châtie, dans les ingrats qu’il stigmatise. À côté du merveilleux actif, le merveilleux essentiel ; à côté des personnages, des moyens et des buts, la philosophie du conte.


Le milieu du merveilleux breton (p. xxii).

Les druides servaient, et les bardes chantaient « la Nécessité unique, le Trépas, père de la Douleur, rien avant, rien de plus ». Quoiqu’un fatalisme providentialisé soit au fond de la race bretonne, les contes et les légendes n’en portent la trace que pour essayer de s’y dérober par le Sursum corda de l’exemple. Si la Mort, à titre d’intersigne, apparaît fréquemment dans nos contes sous la forme de l’Ankou, sinistre conducteur de chariot, héritier direct de Caron et de sa barque, il arrive, par contre, qu’elle symbolise la Justice et l’Égalité — non la Justice immanente des choses, mais la Justice en marche. Le Filleul de la Mort présente une remarquable application de cette