Page:Souvestre, Laurens de la Barre, Luzel - Contes et légendes de Basse-Bretagne.djvu/50

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
10
ÉMILE SOUVESTRE.

C’était un palais de coquillage qui surpassait tout ce que l’on pouvait imaginer. On y arrivait par un escalier de cristal fait de telle manière que, lorsqu’on y posait le pied, chaque marche chantait comme un oiseau des bois ! Tout autour, on voyait d’immenses jardins où grandissaient des forêts de plantes marines et des pelouses d’algues vertes toutes parsemées de diamants au lieu de fleurs.

La Groac’h était couchée dans la première salle, sur un lit d’or. Elle était habillée d’une toile vert de mer, fine et souple comme une vague ; ses cheveux noirs, entremêlés de corail, tombaient jusqu’à ses pieds, et son visage blanc et rose ressemblait, pour l’éclat, à l’intérieur d’un coquillage.

Houarn s’arrêta, tout ébloui de voir une créature si belle ; mais la Groac’h se leva, en souriant, et s’avança vers lui.

Sa démarche était si souple, qu’on eût dit un des flots blancs qui courent sur la mer. Elle salua le jeune Léonard.

— Soyez le bienvenu, dit-elle, en lui faisant signe d’entrer ; il y a toujours place ici pour les étrangers et pour les beaux garçons.

Le jeune homme rassuré entra.

— Qui êtes-vous, d’où venez-vous et que cherchez-vous ? ajouta la Groac’h.