Page:Souvestre - Le Monde tel qu’il sera, 1846.djvu/189

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

l’obscurité à mesure que leur soleil descendait à l’horizon.

L’Allemagne n’avait guère été plus heureuse. Philosophant entre sa pipe et son verre, elle avait discuté un siècle sur l’étymologie du mot liberté, un siècle sur son essence, un siècle sur son étendue, un siècle sur son résultat ! Arrivée là, ses rois lui avaient donné une constitution qui permettait de tout penser, pourvu qu’on se gardât de le dire ; de tout sentir, à la condition de n’en rien laisser voir, et de tout désirer, à charge de ne rien faire pour l’obtenir. L’Allemagne, ravie, avait allumé sa pipe, rempli son verre, et s’était remise à chanter patriotiquement, en montrant le poing à la France :

Non, vous ne l’aurez pas notre Rhin allemand !
Non, vous ne l’aurez pas notre Rhin allemand !

Par le fait, celle-ci ne songeait guère à le lui réclamer.