Page:Souvestre - Le Monde tel qu’il sera, 1846.djvu/204

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gées par familles, avec de beaux écriteaux rouges qui leur donnaient des noms latins de peur qu’on ne pût les reconnaître. Il y avait également des serres où l’on cultivait les plantes des cinq parties du monde pour l’instruction et l’agrément du public, qui n’y entrait jamais. Nos visiteurs rencontrèrent heureusement M. Vertèbre, dont ils avaient fait la connaissance à bord de la Dorade, et qui leur fit ouvrir les portes habituellement fermées. Il leur montra un semis de sapins du Nord sous cloche, des chênes en pots, et une bordure de peupliers de quinze centimètres de hauteur. C’étaient les spécimens des forêts vierges de l’ancien monde ! Mais ils admirèrent, en revanche, des cerises de la grosseur d’un melon, et des ananas qu’il fallait scier au pied comme des arbres de haute futaie.

En quittant les serres, M. Vertèbre les conduisit aux cellules réservées de la ménagerie, où il leur montra des embryons de baleine, qu’il nourrissait, comme des poissons rouges, dans de grands bocaux, de petits phoques élevés par lui au biberon, et des ours blancs, à peine sortis de l’adolescence, qu’il espérait naturaliser dans le pays. Enfin, l’heure les pressant, ils prirent congé de l’honorable professeur de zoologie, qui les rappela pour leur annoncer le prochain accouchement d’un grand saurien des Antilles, et les engager à revenir voir les nouveau-nés.

§ XIV.

Un cimetière à la mode. — Voitures établies en faveur des morts. — Bazar funéraire. — Système d’impôts. — Epitaphes-omnibus. — Un courtier mortuaire.

Au sortir du jardin des plantes, nos visiteurs furent arrêtés par une longue file de gens qui suivaient un corbil-