Page:Souvestre - Le Monde tel qu’il sera, 1846.djvu/263

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

M. Prestet, qui occupait, parmi les peintres, le même rang qu’Illustrandini parmi les sculpteurs.

Seulement le sien n’avait rien de poétique ni de solennel, loin de là ; Prestet chantait les complaintes d’ateliers, cultivait le calembour, donnait du cor de chasse et imitait le cri de toutes sortes d’animaux ; c’était un artiste bon enfant, peignant comme il chassait, comme il jouait au billard, avec une facilité leste et insoucieuse. Aussi essayait-il indifféremment tous les genres ; l’art, pour lui, n’était point une préférence, mais une profession. Il inscrivait sur un livre-journal les commandes qui lui étaient faites et les exécutait par numéro d’ordre. Or, on estimait que, pour y satisfaire, il devrait atteindre l’âge de cent douze ans, et qu’il aurait alors exécuté 745 kilomètres de peinture de tout genre.

Prestet, le peintre en grand

Il avait, du reste, réussi à rendre plus rapide le travail des grandes toiles destinées au Panthéon de Sans-Pair, en les peignant sur une locomotive et armé d’une perche à quatre pinceaux. Pour les moindres tableaux, il se contentait