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Page:Souvestre - Le Monde tel qu’il sera, 1846.djvu/28

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La jeune femme, inquiète, s’enveloppa plus soigneusement dans son linceul.

— Ne prenez point garde à la légèreté de votre costume, fit observer le petit dieu ; nous ne sommes plus ici dans vos ridicules climats, où le soleil fait l’office d’une bougie qui éclaire sans chauffer ; à l’île du Noir-Animal, l’air tient lieu de paletot ; aussi, vous voyez que l’intérêt bien entendu a réduit l’habillement à sa plus simple expression.

Les deux amants remarquèrent alors, en effet, la transformation qui s’était opérée chez M. Progrès. Il n’avait pour vêtements qu’un caleçon de coton, un chapeau d’écorce à larges bords, et des bottes en vannerie, ornées de clochettes. Maurice apprit de lui que tel était le costume généralement adopté, vu sa commodité et son économie. La civilisation de l’an trois mille, ayant renoncé à tout ce qui n’était pas d’une utilité immédiate, avait laissé la parure aux femmes ou aux esprits futiles ; les hommes graves se contentaient du caleçon, rehaussé de leurs grâces naturelles.

Comme il achevait ces explications, un bruit de pas retentit à la porte de l’édifice, et le génie, donnant un coup de talon à son coursier de vapeur, disparut comme l’éclair.

§ II.

Éloquence parlementaire de Maurice. — Éloquence perfectionnée de M. Omnivore. — Costume d’un homme établi, en l’an trois mille. — M. Atout. — Départ de Marthe et de Maurice. — Nouveau moyen de traverser les rivières. — Routes souterraines. — M. Atout rassure Marthe par un calcul statistique. — Marthe s’endort. — Un rêve.

M. Omnivore était suivi d’une demi-douzaine de serviteurs qui donnaient tous des marques du plus vif étonne-