Page:Souvestre - Le Monde tel qu’il sera, 1846.djvu/36

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couple français, le salua avec la dignité d’un homme affilié à trop d’académies pour que rien l’étonnât.

Après les premières politesses, il adressa à Maurice plusieurs questions destinées à prouver ses études historiques et littéraires. Il lui demanda s’il avait connu Charlemagne, madame de Pompadour et M. Paul de Kock, trois grandes figures appartenant à la troisième race des rois de France, et l’interrogea longuement sur le connétable de Louis XVIII, Napoléon Bonaparte, dont l’histoire avait été écrite par le révérend père Loriquel. Maurice, d’abord étourdi, allait essayer de répondre, mais M. Atout ne lui en laissa point le temps ; il en vint, sans plus longues transitions, du passé au présent, et commença une leçon sur l’état de la terre en l’an trois mille.

Nos ressuscités l’écoutèrent avec d’autant plus d’attention qu’ils avaient tout à apprendre. Le professeur leur déclara qu’ils se trouvaient au centre même du monde civilisé, dont les différents peuples ne formaient plus qu’un État sous le nom de république des Intérêts-Unis. Le centre ou capitale de cette république se trouvait dans l’ancienne île de Bornéo, maintenant nommée île du Budget. Chaque peuple y envoyait un certain nombre de députés, et ceux-ci réglaient, en commun, les affaires générales. Quant au vieux monde, on y entretenait des colonies qui recevaient de la métropole la direction et les lumières.

La grande loi de la division de la main-d’œuvre avait été appliquée à la république elle-même. Chaque État formait une seule fabrique. Ainsi, il y avait un peuple pour les épingles, un autre pour le cirage anglais, un autre pour les moules de boutons. Chacun ne s’occupait, ne parlait que