Page:Souvestre - Le Monde tel qu’il sera, 1846.djvu/51

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— Vous cherchez le bateau ? reprit le professeur en souriant : mais il est à sa place… à sa place de Dorade.

— Comment ! sous l’eau ? interrompit Maurice.

— Sous l’eau ! répéta M. Atout. On a cru longtemps que le propre d’un bateau était de flotter ; mais de nouvelles recherches ont détrompé à cet égard. Aujourd’hui une partie de nos lignes de paquebots sont sous-marines, comme une partie de nos routes sont souterraines. Vous comprenez qu’il y a mêmes avantages dans les deux cas. Les Dorades accélérées, naviguant sous les vagues, n’ont à craindre ni le vent, ni la foudre, ni les abordages, ni les pirates. Quant à leur construction, vous allez vous-même en juger.

Il les conduisit alors à l’extrémité de l’embarcadère, où se trouvait une cloche à plongeur, par laquelle ils purent descendre au bateau sous-marin.

Sa forme avait été empruntée au poisson dont il portait le nom. C’était une immense Dorade, dont la queue et les nageoires étaient mues par la vapeur. À la place des écailles brillaient plusieurs rangées de petites fenêtres, et l’air s’introduisait à l’intérieur par des conduits, dont l’extrémité flottait à la surface de la mer.

Les nouveaux venus avaient été précédés par une société nombreuse, de sorte que la Dorade ne tarda pas à tracer sa route au milieu des flots.

M. Atout voulut profiter de ce moment, pour préparer ses compagnons à la vue de la capitale des Intérêts-Unis ; mais il fut interrompu, dès les premiers mots, par un voyageur qui venait de le reconnaître, et qui accourut à sa rencontre les bras ouverts.

— Eh ! c’est M. Blaguefort, dit l’académicien, en répondant aux empressements du nouveau venu, avec une cer-