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Page:Souvestre - Le Monde tel qu’il sera, 1859.djvu/38

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échange de bagatelles charmantes, de fugitives impressions, de confidences comprises sans être achevées ; sorte de rêverie dialoguée, dont on ne se rappelle rien, et qui laisse dans le passé une de ces traînées lumineuses vers lesquelles le regard se tourne toujours.

Ils n’étaient arrivés qu’au milieu de la nuit, haletants de fatigue, couverts de sueur, les pieds poudreux et meurtris, mais le cœur plein et l’esprit joyeux. Ce voyage, ils ne pouvaient l’oublier désormais, car ils n’avaient pas seulement changé de lieu, ils avaient vu, senti ; ils n’étaient pas seulement arrivés, il leur restait un souvenir ! Ils se souviendraient toujours du vieux cheval et de son vieux maître !

Toutes ces images venaient de se reproduire dans le rêve de Marthe ; elle croyait franchir le seuil de sa joyeuse mansarde, lorsqu’un grand bruit l’éveilla en sursaut.

III

Extraction de voyageurs. — Auberges modèles. — Le verre d’eau de fontaine. — Départ de Marthe et de Maurice sur la Dorade accélérée, bateau sous-marin. — M. Blaguefort, commis-voyageur pour les nez, la librairie et les denrées coloniales. — Un prospectus d’entreprise industrielle de l’an trois mille. — Fâcheuse rencontre d’une baleine. — Leçon de M. Vertèbre sur les cétacés. — Destruction du bateau sous-marin. — Son extrait mortuaire.

Le convoi qui conduisait l’académicien et ses deux compagnons venait de s’arrêter au fond d’une sorte de précipice ; sur leurs têtes apparaissait un coin de ciel barré par les bras d’une immense machine. M. Atout leur apprit qu’ils étaient arrivés à leur destination, et