Page:Souvestre - Le Monde tel qu’il sera, 1859.djvu/57

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Échappés enfin de leurs mains, Maurice et Marthe suivirent leur conducteur jusqu’à sa demeure.

C’était un vaste parallélogramme blanchi et percé d’étroites fenêtres qui rappelait assez bien, pour la forme, une cage à poules de grande dimension. L’académicien s’aperçut de la surprise de ses hôtes et sourit d’un air satisfait.

« De votre temps les maisons ne se bâtissaient point ainsi ? dit-il avec une nuance d’orgueil involontaire.

— Pas précisément, répliqua Maurice ; cependant nous avions l’édifice du quai d’Orsai…

— Oui, c’était un acheminement, interrompit M. Atout ; mais depuis l’art a suivi sa voie, et nos architectes sont arrivés au beau idéal du système rectangulaire. La maison que j’occupe a été construite par le plus habile d’entre eux, aussi est-elle regardée comme un chef-d’œuvre. Dans tout ce que vous voyez, il n’y a pas une pierre d’ornement, c’est-à-dire inutile ; quant aux dispositions intérieures, vous pourrez en juger. »

On avait atteint le perron qui précédait la porte ; à peine Maurice y eut-il posé le pied que la marche céda légèrement et mit en mouvement une lanterne qui s’avança pour l’éclairer ; à la seconde marche la sonnette se fit entendre ; à la troisième la porte s’ouvrit d’elle-même.

Dans ce moment les yeux du jeune homme s’arrêtèrent sur une inscription gravée au-dessus de l’entrée :

chacun chez soi.
chacun pour soi.

« Vous devez reconnaître le précepte d’un des sept