Page:Souvestre - Le Monde tel qu’il sera, 1859.djvu/58

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sages de votre pays, dit l’académicien en souriant ; il résume à lui seul toutes les lois de l’humanité. Chacun chez soi, c’est le droit ; chacun pour soi, c’est le devoir. Mais entrez, de grâce, vous avez bien autre chose à voir. »

Les deux époux traversèrent une antichambre garnie d’appareils dont ils ignoraient l’usage. M. Atout leur montra d’abord une boîte dans laquelle arrivaient les lettres qui lui étaient adressées, et leur expliqua comment d’immenses conduits établissaient, au moyen du vide, cette distribution à domicile. Il leur ouvrit ensuite des robinets chargés de conduire partout l’eau, la lumière, le feu et l’air rafraîchi. Il indiqua les tuyaux destinés à l’arrivée des journaux, les fils électriques établissant une correspondance télégraphique aussi rapide que la pensée avec les fournisseurs du dehors, les appareils panoptiques au moyen desquels la vue pouvait surmonter les obstacles et franchir toutes les distances. Pendant cette exhibition, il s’était assuré de l’absence de madame Atout, et avait donné différents ordres en touchant quelques ressorts. Le tintement d’une sonnette lui annonça bientôt que tout était prêt ; il fit passer ses hôtes dans la salle à manger, où le dîner se trouvait servi, et il les invita à prendre place. Marthe et Maurice s’assirent, en regardant autour d’eux. Ils s’attendaient à voir paraître, à chaque instant, les gens de service ; mais l’académicien, qui devina leur pensée, sourit ; il se pencha de côté, appuya la main sur un bouton placé près de la table, et immédiatement tout ce qui la couvrait sembla s’animer ! Les bouteilles baissèrent, d’elles-mêmes, leurs goulots sur les verres ; la cuiller à potage remplit l’assiette de chaque con-