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les derniers bretons.

que, selon lui, on chantait dans toute la Bretagne[1].

  1. Le manuscrit du poème breton sur Gradlon-Mor existe encore probablement à la Bibliothèque nationale de Paris. Dom Bernard Monfaucon assure l’y avoir vu au siècle dernier, et n’avoir pu le comprendre, parce qu’il ne savait pas le breton ; il donne le numéro de ce manuscrit. M. de Fréminville dit l’avoir cherché, aidé des employés de la Bibliothèque, et n’avoir pu le retrouver ; probablement, égaré dans quelque coin, un heureux hasard pourra seul le faire rencontrer ; mais à son défaut, nous avons la traduction d’un autre poème composé sur le même sujet et que nos paysans bretons chantaient encore au xiiie siècle ; cette traduction a été faite en français du temps de saint Louis. M. de Fréminville en publie, dans son second volume des Antiquités du Finistère, une analyse que nous donnons ici.
    ( EXTRAIT. )

    Gradlon, quoique n’étant pas issu des rois de l’Armorique, appartenait du moins à une famille illustre des guerriers de ce pays, et il réunissait à une grande beauté une bravoure qui le mettait au-dessus des plus vaillans parmi sa tribu, si féconde en hommes intrépides.

    Le désir de se signaler et de se faire remarquer par des actions éclatantes, le fit entrer au service de Witol (*), roi de Léon, qui faisait alors une guerre très active contre Kunar, roi de Cornouailles. Ce prince lui confia le commandement d’une partie de ses troupes, et Gradlon s’en servit avec tant d’habileté, fit preuve de tant de courage, que partout où il porta ses armes il assura la victoire au roi qu’il servait, et mérita son estime et son amitié particulières.

    (*) Witol, Guitol, ou Guitor, est probablement le même qui est désigné sous le nom de Guithure, en qualité de comte souverain du Léonais, par le P. Albert le Grand. (Voyez la Vie de saint Pol de Léon.)