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poésies de la bretagne.

Dans le quatorzième siècle, les poésies celtiques étaient encore connues et jouis-

    qui faisait alors une guerre très active contre Kunar, roi de Cornouailles. Ce prince lui confia le commandement d’une partie de ses troupes, et Gradlon s’en servit avec tant d’habileté, fit preuve de tant de courage, que partout où il porta ses armes il assura la victoire au roi qu’il servait, et mérita son estime et son amitié particulières.

    Sa renommée, le bruit de ses exploits, les éloges que toutes les bouches faisaient de ses qualités personnelles, retentirent à la cour et parvinrent jusqu’aux oreilles de la reine ; ils lui inspirèrent le désir de connaître le héros dont on disait tant de choses merveilleuses.

    Un jour elle tira à part son chambellan : « Parle-moi vrai, lui dit-elle ; qu’est-ce que ce Gradlon dont j’entends tout le monde faire l’éloge ? le connais-tu ? — Madame, répondit le serviteur, je sais qu’il est beau, brave et courtois, aussi n’est-il personne qui ne l’aime. — Mon cœur depuis long-temps me parle en sa faveur, reprit la reine ; fais-le venir, je veux l’avoir pour ami et lui abandonner mon amour. »

    Le chambellan, ne doutant pas de la joie qu’il allait donner à Gradlon en lui portant une nouvelle si flatteuse, s’empressa de voler vers lui, et lui annonça que la reine, fortement prévenue en sa faveur, désirait qu’il se rendit au château sur-le-champ.

    Gradlon obéit ; il suivit le chambellan, qui l’introduisit dans l’appartement de la princesse : elle y était seule. Dès que le guerrier parut, elle alla au-devant de lui, et le serra dans ses bras en lui