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Page:Souvestre - Les Derniers Bretons (tome 2), 1836.djvu/125

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poésies de la bretagne.

rent gentils, ces vieux Bretons qui composèrent dans leur langue antique des lais sur

    Celui-ci, confus, mais nullement épris, témoigna sa reconnaissance pour de si éclatantes bontés ; mais dit, qu’étant à la solde du prince et lui ayant promis sa foi, il lui devait trop pour se rendre coupable envers lui de la plus noire ingratitude en partageant un adultère. À ces mots, il se retira, et laissa la reine accablée de douleur et de honte.

    Cependant, dominée par un violent amour, et ne pouvant se résoudre à perdre tout espoir, elle se flatta de toucher le cœur de Gradlon à force de prévenances et d’attention. Dans ce dessein, elle lui envoya de magnifiques présens, le fit solliciter plusieurs fois, lui écrivit même plusieurs lettres de sa propre main : tout fut inutile, rien ne put ébranler l’austère vertu du guerrier celto-breton.

    Quand l’épouse de Witol vit ses vœux rejetés, ses avances repoussées et toutes ses espérances trahies, la haine vint dans son cœur prendre la place de l’amour. Elle calomnia Gradlon, et employa tous les moyens possibles pour le perdre dans l’esprit du roi. Elle n’y réussit que trop facilement. Gradlon fut disgracié et dépouillé de ses charges, de ses dignités. Il s’éloigna de la cour, se retira dans les domaines de son modeste patrimoine, où, pour charmer sa mélancolie et faire quelque diversion à la tristesse dont l’accablait une si injuste disgrâce, il se livra entièrement aux exercices de la chasse, parcourant nuit et jour les vastes forêts qui, à cette époque, ombrageaient la Bretagne, et qui étaient remplies de bêtes fauves (*).

    (*) Jusqu’ici ce poème est basé sur un fond de vérité historique ; mais d’après le merveilleux qui caractérise ce qui suit, on voit que tout le reste n’est qu’une création d’un barde breton du sixième siècle.