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poésies de la bretagne.

instrumens, » Et, pour preuve, il insère dans son ouvrage plusieurs de ces lais qu’il ap-

    lui refusait la belle inconnue. Cependant, à peine se fut-il rendu coupable, que, demandant pardon de l’indigne moyen auquel sa passion l’avait fait recourir, il assura la dame qu’elle avait les prémices de son cœur, et lui jura pour toujours un attachement et une fidélité sans bornes. La faute était faite et il fallut bien la pardonner ; d’ailleurs le coupable était jeune, beau, et paraissait aimable ; un tendre baiser scella la réconciliation, et la dame, qui était une puissante fée, alla même jusqu’à avouer à Gradlon que ce n’était que pour amener ce dénouement qu’elle avait fait naître l’aventure de la biche, ainsi que celle du ruisseau.

    Après de nouvelles caresses et de nouveaux sermens, l’aimable fée quitta Gradlon, en lui disant que chaque fois qu’il désirerait sa présence, à l’avenir, elle paraîtrait devant lui, à condition qu’il garderait le secret le plus inviolable sur toute cette aventure ; et elle lui déclara que s’il lui échappait la plus légère indiscrétion, il ne la reverrait plus et la perdrait pour toujours.

    Gradlon, enchanté de son bonheur, revint chez lui en y rêvant ; il vit à la porte de son château un superbe cheval, richement harnaché, et conduit par un écuyer venant de la part de la fée, lui offrir ce noble coursier, qui se nommait Gadifer. Ce présent fut accompagné de celui de belles armes, de riches habits et d’un coffre rempli d’or. Gradlon était au comble du bonheur ; tout lui riait, et longtemps il sut être heureux. Chaque soir il n’avait qu’à en former le souhait, et sa belle amie venait s’offrir à ses vœux. Une année