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poésies de la bretagne.

évidemment à l’époque des premières velléités libérales, alors que le paysan commença à mesurer audacieusement la taille des nobles, et se trouva plus grand de toute la tête. Rien ne manque à la ballade pour exprimer cette première hardiesse du vassal qui perd le respect, ni la dédaigneuse et fière nonchalance, ni l’aigre sarcasme, ni le défi bref et péremptoire. Ce n’est rien moins qu’un prologue de Marseillaise fait quelque cinquante ans à l’avance. Il y a bien encore pourtant dans tout cela je ne sais quelle soumission équivoque à de vieilles habitudes, une sorte de religion royaliste qui grimace ; l’insurrection reste entre chair et peau, et n’a point pleine conscience d’elle-même ; mais elle se modèle sous l’obéissance apparente, elle la perce à jour. Le paysan veut bien encore tirer son chapeau devant le roi et lui demander grâce d’avoir tué des