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les derniers bretons.

Mais dans ces cadres peu variés, il enserre toute une phase de l’existence du Breton ; il résume toutes ses aspirations juvéniles, toutes les chimères sentimentales de son premier âge. C’est un monde entier, un monde invisible pour la foule, et qui se révèle au jeune homme dans ses premiers rêves ; univers enchanté, où les oiseaux, les fleurs, les étoiles, ont un langage intelligible et harmonieux ; où tout prend une poétique attitude, où l’on effeuille son cœur au vent comme une fleur épanouie ; où les sacrifices rendent joyeux ; où les larmes sont un trésor dont on jouit en secret ; où tout enfin est délicieux et céleste, même la douleur ! — Le sône, c’est tout cet univers décrit dans une langue paysanne, sous des formes inattendues à force de simplicité, et avec cette ravissante gaucherie, plus charmante que la grâce elle-même ! Mais