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poésies de la bretagne.

poudre et les habits à paillettes. La patrie tenait ferme au cœur de ces pauvres prêtres ; ils la quittèrent avec larmes et désespoir. C’est qu’aussi cette patrie était la Bretagne, et tout le monde ne sait pas jusqu’à quel point cette sauvage contrée est chère à ceux qui y ont vu le jour. Dans les grandes villes, on ne connaît pas l’amour du pays. Les hommes y croissent au milieu du bruit et du changement. À trente ans, ils ne se rappellent plus dans quelle maison ils sont nés, et ils ont déjà vendu le lit où leur père est mort. Cette existence patriarcale, cet esprit de famille qui attache au foyer, aux vieux portraits, aux vieux meubles des ancêtres, leur sont inconnus. Ils voyagent dans la vie comme les Arabes dans le désert, allant toujours vers les meilleurs pâturages, et sans bâtir de nid pour leurs affections. En délogeant, ils laissent leurs souvenirs