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la bretagne et les bretons.

tôt le sang coule, et à cette vue une sorte d’ivresse frénétique s’empare des souleurs ; un instinct de bête fauve semble se réveiller au cœur de ces hommes ; la soif du meurtre les saisit à la gorge, les pousse et les aveugle. Ils se confondent, se pressent, se tordent l’un sur l’autre ; en un instant les combattans ne forment plus qu’un seul bloc animé, qui hurle, qui se meut d’une seule pièce, et au-dessus duquel on voit des bras se relever et retomber sans cesse, comme les marteaux d’une papeterie. De loin en loin, des figures pâles ou bronzées se montrent, disparaissent, puis se relèvent sanglantes et marbrées de coups. À mesure que cette étrange masse se tourmente et s’agite, on la voit fondre et diminuer, parce que les plus faibles tombent, et que la lutte continue sur leurs corps. Enfin, les derniers combattans des deux côtés restent face à face, demi morts