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les derniers bretons.

de fatigue et de souffrance. C’est alors à celui qui a conservé quelque vigueur de s’échapper avec la soule. Faiblement poursuivi par des rivaux exténués, il a bientôt atteint la limite de la commune voisine, et obtenu ainsi le prix tant disputé. Cependant cette dernière fuite n’est pas toujours sans danger. La ténacité haineuse d’un ennemi la rend quelque fois funeste, comme l’éprouva François de Pontivy, vulgairement appelé le Souleur.

François avait acquis une immense réputation dans ces jeux, et il s’était rendu redoutable aux paysans de toutes les communes voisines. Il avait chez lui, suspendues et rangées devant sa cheminée, toutes les soules qu’il avait gagnées, et il les montrait avec le même orgueil qu’un Mohican eût mis à faire voir les chevelures de ses ennemis attachées autour de son wigwam. Bien que