Page:Souza - Oeuvres completes T1et2.djvu/384

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gardais avec inquiétude la place que Marie allait choisir : le hasard, sa volonté la rapprocherait-elle de moi ? s’en éloignerait-elle ? me regarderait-elle en passant ? Enfin, chacun de ses mouvemens me donnait une vague impression de crainte ou d’espoir.

Marie s’avança vers son père, et lui fit une révérence timide qui sollicitait un coup-d’œil, un mot affectueux. Lord Seymour prit la main de Marie en lui disant : « Comment se porte votre mère » ? — Marie, jusqu’à votre arrivée, votre père était dans sa maison, avec ses filles, comme parmi des étrangers ; c’est vous qu’il attendait pour savoir des nouvelles de sa femme, de la mère de vos sœurs ! Vous seule remplissez ce devoir d’amour, de respect filial ; devoir si doux et si cher, qu’en vous voyant ma pensée me rappelait les instans où je m’occupais aussi du bonheur d’une mère ! Je me disais : C’est elle que ma mère aurait choisie pour sa fille.

On vint avertir que le dîner était servi : Mon malheur voulut que je fusse placé à table loin de Marie ; je ne pus me rapprocher d’elle après le repas : le reste du jour fut sans intérêt pour moi.