Page:Souza - Oeuvres completes T1et2.djvu/395

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la porte. Combien je cherche à m’aveugler ! Je prétends douter si je l’aime ; et mon cœur bat d’inquiétude pour savoir si elle me dira adieu, ou me priera de la suivre. Marie est encore plus troublée que moi ; elle a fait passer une de ses femmes, puis l’autre ; que va-t-elle faire ? Si elle ne songe même pas à moi, et qu’elle entre dans la cabane sans me rien dire, je m’en irai ; je ne la reverrai plus : mais sais-je quel chagrin j’en ressentirai ? Si elle m’offre de la suivre, ce sera une indiscrétion dont je suis sûr de la blâmer un jour. Marie, Marie ! possédez-vous déjà toute mon ame ? Je me surprends quelquefois me promettant votre bonheur, comme s’il dépendait de moi, et qu’il fût incertain ! À qui fais-je ces sermens dont vous ne vous doutez pas ? à moi ! à cette ame ardente, à ce caractère inquiet, sévère, que je redoute en connaissant l’amour.

Marie était toujours indécise, et je restais appuyé contre l’arbre le plus près d’elle : enfin, par une sorte d’inspiration, je lui demande si cette retraite lui appartient particulièrement. — « Oui, me dit-elle, c’est moi qui l’ai arrangée. » — Ma question lui semble peut-