Page:Souza - Oeuvres completes T1et2.djvu/398

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dre le ravissement où j’avais été, lorsque, me croyant seul dans ses jardins, au milieu de la nuit, cette voix inconnue était venue se placer entre le ciel et moi… — Lady Seymour m’écoutait avec un plaisir qui animait sa figure, et semblait éclairer tous ses traits. Sa fille baissait les yeux ; mais lorsque, j’ajoutai que plusieurs personnes ayant applaudi, je m’étais éloigné, Marie s’écria : « C’est sûrement le jour que mes cousines ont passé ici. » — Ses cousines ! comme je l’ai mal jugée ! Sans doute de jeunes personnes, compagnes de son enfance ; — non, Marie n’est point coquette ; elle chantait parce que sa voix plaît à sa mère.

Marie, mon cœur vous appartient. Dans cette petite retraite, près de votre mère, avec vous, j’ai cru au bonheur. Mais pourrez-vous partager l’exaltation de mon amour, excuser ma bizarrerie ? J’étais heureux : eh bien ! dans cet instant même, je sentais que, s’il fût arrivé une seule personne ; si vous eussiez fait un seul pas dans le monde, le doute, l’inquiétude se seraient emparés de mon ame.