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Page:Souza - Oeuvres completes T1et2.djvu/400

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vers elle seule que vous porterez leur reconnaissance et leur amour.

Je regardais Marie, et me disais : Ce cœur-là n’a jamais été insensible à la pitié. Elle a fait le bien, tout le bien qu’elle a pu faire. Point de négligence, point d’oubli ; pas un sentiment qui n’ait été pur ; pas une action qui n’ait été généreuse ! Marie, je vous aimais hier presqu’involontairement ; aujourd’hui, c’est de toute la puissance de mon ame que je désire vous appartenir.

En quittant le village, Marie m’a dit adieu : je suis resté à la même place, tant que j’ai pu l’apercevoir. Elle s’est retournée plusieurs fois ; et toujours un signe obligeant m’a prouvé que non-seulement elle me voyait, mais qu’elle s’attendait à me voir. Arrivée près d’un sentier qui devait me la cacher entièrement, elle m’a regardé une dernière fois ; et de sa main et de son mouchoir, m’a dit un dernier adieu, tandis que moi, presqu’immobile, je ne pouvais même la saluer. N'osant la suivre, ne pouvant la fuir, je sentais de tristes pensées rentrer dans mon ame, à mesure qu’elle s’éloignait. Ô avenir ! avenir si vague, si incertain, qui