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POMONA

Tu m’offres un destin dont l’aspect me désole ;
Un bonheur languissant et noir qui m’épouvante !
Vis, si tu veux, cette existence décevante !
Que ton cœur soit pour tes parents ! Que la petite
Qui est si bonne, inspire ton art et t’invite
À suivre ses conseils niais et complaisants !
Engourdis-toi dans ton milieu de paysans !
Cesse, pour t’y mêler, de penser en artiste !
Mais ne demande pas toutefois que j’assiste
Et que je participe à cet écroulement,
Je ne veux ni ton art, ni ton amour flamands !
Je m’en irai, demain !

JEAN (violemment)

Je m’en irai, demain ! Tais-toi !

POMONA

Je m’en irai, demain ! Tais-toi ! Tu me suivras
Ou je partirai seule !

JEAN

Ou je partirai seule ! Eh ! je n’hésite pas !
Je t’aime infiniment, mais lorsqu’en moi j’écoute
Quelle voix me conseille et me montre ma route,
Je préfère, puisque tu me dis de choisir,
L’ordre de mon devoir au cri de ton plaisir !