Aller au contenu

Page:Spencer - La Science sociale.djvu/109

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

rivent à des positions qu’on ne donnerait jamais à des incapables agissant à tort et à travers. Or, quels sont, par rapport à la longévité, les effets de la circonspection, de l’empire sur soi-même et de la prévoyance, comparés aux effets de l’étourderie, de l’absence d’empire sur soi-même et de l’imprévoyance ? Il est évident que les uns contribuent à prolonger l’existence et les autres à l’abréger. Donc les qualités qui sur la moyenne des cas donnent l’avantage à leur possesseur, parce qu’elles le rendent apte à se procurer les ressources nécessaires à l’homme marié, sont aussi les qualités qui donnent le plus de chances de longue vie ; et réciproquement.

Il existe une autre relation générale encore plus directe. Chez tous les animaux supérieurs, l’individu acquiert la faculté de reproduction seulement quand il a à peu près achevé sa croissance et son développement ; la capacité de produire et d’élever de nouveaux individus est mesurée à ce que l’animal possède de force vitale en sus de ce qu’il lui faut pour pourvoir à sa propre existence. Les instincts relatifs à la reproduction et toutes les émotions qui les accompagnent, deviennent prédominants au moment où la dépense de force nécessitée par l’évolution individuelle diminuant, il en résulte un excédant qui permet de pourvoir aux besoins des rejetons en même temps qu’à sa propre conservation ; or en thèse générale, l’intensité des susdits instincts et émotions est proportionnée à l’excédant de cette force vitale. Mais, puisqu’un large excédant de force vitale est inséparable d’une bonne organisation — c’est-à-dire une organisation réunissant les conditions de durée — la même supériorité physique qui est accompagnée d’un grand développement des instincts poussant au mariage, conduira également à la longévité.

Une autre influence agit dans le même sens. Le mariage n’est pas entièrement déterminé par les désirs de l’homme ; il l’est aussi par les préférences de la femme. Toutes conditions égales d’ailleurs, la femme se sent attirée vers les hommes forts — qu’il s’agisse de force physique, intellectuelle, ou émotionnelle. Il est visible que la liberté de choix les conduit fréquemment à refuser des échantillons inférieurs, particulièrement les individus mal conformés,