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notes

tion 37, visée par Spinoza, il est dit non que la haine enveloppe une tristesse (elle en est une), mais qu’elle enveloppe un effort pour faire cesser la tristesse. Baensch fait la même correction.


Proposition L, Scolie. — Au sujet des présages, on lira avec intérêt la lettre 17, que j’ai déjà eu l’occasion de citer.


Proposition LI et Scolie. — Cette proposition et son Scolie préparent en quelque sorte à l’étude des Affections qui ont leurs causes plutôt en nous-mêmes que hors de nous, étude qui commence avec la Proposition 53. La diversité de structure des hommes et leur complexité font que leurs affections ont un caractère à la fois individuel et momentané.


Proposition LII, Scolie. — a) J’ai préféré, pour traduire admiratio, étonnement à admiration, parce que l’état d’âme considéré par Spinoza est une sorte de mono-idéisme assez voisin de la stupeur et nuisible, comme tout ce qui empêche l’âme de penser.

b) Le mépris (contemptus) est, en somme, pour Spinoza, de l’inattention ; ce sentiment ne se confond pas avec la mésestime (despectus) qui rabaisse par haine son objet.


Propositions LIII à LV. — Ces trois Propositions sont relatives aux affections qui ont leurs causes en nous-mêmes.


Proposition LV, Scolie. — Je rends dans ce passage et constamment par la suite le latin virtus par vertu ; la vertu, c’est proprement la puissance d’agir ; la vertu de l’âme est de penser, la vertu du corps de se mouvoir (non d’être mû). Spinoza appelle parfois vertu une action particulière, celle, par exemple, qui consiste à frapper (cf. Partie IV, Prop. 59, Scolie), quand il l’envisage comme manifestant la structure du corps et sa puissance d’agir. Il m’a paru utile de conserver le mot de vertu précisément à cause de la surprise qu’il excite en diverses rencontres ; cela oblige le lecteur à réfléchir et le fait pénétrer plus avant dans l’intelligence de la doctrine. Ici même il est dit que les hommes, envieux de leur nature, voient avec joie la faiblesse d’autrui, avec tristesse sa vertu ; et il est très vrai qu’on n’aime pas à trouver dans un de ses semblables plus de force qu’on n’en a soi-même, à moins, comme le fait observer Spinoza, qu’il ne s’agisse d’une sorte d’activité à laquelle on n’a aucune prétention. Seul celui qui conçoit les choses clairement et qui, par conséquent, possède lui-même la plus haute vertu est incapable d’envie. En lui seul l’amour de soi ou contentement intérieur produit les beaux fruits qu’il est dans sa nature de produire, contrairement