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DE NOTRE BÉATITUDE

salut et les détruire, car tout ce qu’ils sont consiste uniquement à servir Dieu.




CHAPITRE XIX


DE NOTRE BÉATITUDE.


Après avoir montré les divers avantages de la vraie foi, nous nous efforcerons de satisfaire à nos promesses : à savoir de rechercher si la connaissance que nous avons acquise du bien et du mal, du vrai et de faux, et de ce qui en résulte, si, dis-je, cette connaissance peut nous conduire au salut, ou à l’amour de Dieu, dans lequel consiste, comme nous l’avons remarqué, tout notre bonheur, et aussi comment nous pouvons nous affranchir des passions que nous avons appelées mauvaises.

Pour parler d’abord de ce dernier point, à savoir la délivrance des passions[1], je dis que si elles n’ont pas

  1. Toutes les passions qui combattent contre la droite raison (comme nous l’avons démontré précédemment) naissent de l’opinion ; et tout ce qu’il y a de bon ou de mauvais dans les passions, nous est montré par la vraie foi. Mais ni l’une ni l’autre, ni l’une et l’autre ensemble, ne sont capables de nous affranchir. C’est seulement le troisième degré de connaissance, à savoir la vraie connaissance, qui peut nous rendre libres, et sans elle il nous est impossible de le devenir, comme nous le montrerons dans la suite. N’est-ce pas d’ailleurs le même principe que d’autres ont signalé en se servant d’autres expressions ? Qui ne voit en effet que l’on peut entendre par opinion ce que l’on appelle le péché, par la foi ce que l’on appelle la loi qui fait con-